Andreas Tsigkanas, responsable de la sécurité à bord de l’Aquarius
3 juin 2016

Andreas Tsigkanas est officier-chef et responsable de la sécurité à bord de l’Aquarius. Il a grandi à Chania, sur l’île de Crète, où il a fait la connaissance de la mer dès son enfance. “Je suis le premier marin dans ma famille, mais mon grand-père était pêcheur et c’était son rêve de devenir marin. Il m’a raconté des tas d’histoires sur la mer, et ça m’a définitivement influencé. J’ai quitté la Crète avec ma famille quand j’avais environ 7 ans, et j’ai vécu dans le nord du pays. Tous les étés je rendais visite à la famille de ma mère en Crète, et y retrouvait la mer. Il y a six ou sept ans, je suis retourné vivre là-bas. “

Andreas travaille sur les navires depuis 2007, en tant qu’officier dans les forces navales grecques et dans l’industrie offshore. Cette mission est sa première consacrée entièrement au sauvetage.

Même s’il a vécu dans l’un des épicentres de la crise migratoire, cette mission est la première où il voit les conséquences de cette crise de ses propres yeux. “En 2013 et 2014, en raison des guerres, des milliers de personnes arrivaient en Grèce chaque jour. Je n’ai jamais été xénophobe, parce qu’en mer tu travailles avec des gens de toutes cultures. C’est désormais la première fois que j’apporte de l’aide de manière active.”

Il ressent de l’empathie envers les personnes que l’Aquarius embarque. “Tous les marins sont aussi des migrants. On part de chez nous, on travaille en dehors de nos pays. Ce n’est pas le même chose que pour ces migrants, mais on comprend ce qu’ils ressentent.  Quand la compagnie m’a affecté à ce projet, j’avais hâte. J’avais l’impression d’offrir quelque chose au monde. J’ai eu quelques conversations avec des réfugiés, et je comprends mieux pourquoi ils partent. Je suis content de les voir sains et saufs à bord. Mais c’est triste tout de même, parce que c’est dangereux pour eux de quitter leurs pays de cette manière, et on sait qu’il y a des centaines qui se noient, qui sont tués ou qui n’auront jamais les moyens de quitter les zones de danger, à la base. Il faut résoudre les problèmes dans les pays sources.” 

Par Ruby Pratka

Interview et Crédits Photos : Yann Merlin