Mission sensibilisation : des faits qui appellent à la réflexion
25 février 2019

Depuis sa création, SOS MEDITERRANEE déploie son savoir-faire autour de trois missions : sauver des vies en mer, protéger les rescapés et sensibiliser le public sur les réalités et les visages de la migration. Cette dernière mission, effectuée à terre par quelque 500 bénévoles partout en France, dans les festivals, les écoles, les médias et autres débats s’appuie sur des faits, et sur des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : 2 275 personnes mortes en mer Méditerranée pour la seule année 2018.  Une hécatombe qui appelle à une prise de recul… et de conscience !

Deux heures dans la vie d’un collégien

La scène se passe dans un collège au milieu des vignes, au nord de Sète, dans l’Hérault. Il y a, dans la salle polyvalente, trois classes de cinquième rassemblées. Un peu plus de soixante-dix élèves.

Deux heures durant, les élèves ont écouté les bénévoles de SOS MEDITERRANEE venus leur parler de leur association, des drames qui se nouent entre Libye et Europe, dans cette Méditerranée qui est aussi leur mer, où ils se baignent tous les étés, où leur père travaille parfois, aux chaluts ou aux « petits métiers ».

Sur des cartes terrestres et maritimes, des photos de reporters embarqués sur l’Aquarius qui fut, il y a peu, le navire affrété par l’ONG, ils ont mesuré les périls de l’exil, vu les visages de ceux qui ont échappé à la mort ; ils ont entendu, sur des vidéos réalisées par des équipes de télévision, les témoignages des rescapés de l’enfer libyen, les terribles récits de ceux qui sont passés entre les mains des trafiquants d’êtres humains, les paroles de compassion des marins sauveteurs aussi.

Ils ont écouté, sidérés, Bertrand expliquer, face caméra, en tutoyant ses auditeurs : « Quand tu arrives sur un sauvetage, c’est comme si tu débarquais dans une autre réalité (…). Huit à dix personnes sur un bout de plastique qui flotte plus ou moins,  c’est de l’ordre de l’inimaginable (…) Si nous ne sommes pas là pour arrêter ces bateaux avant qu’ils ne coulent, ils n’arrivent pas à destination ».

Des mots simples, des mots qui touchent

Dans la vidéo, Bertrand, Simon, Anto, sauveteurs des premières opérations, parlent avec des mots simples, des mots qui touchent. Des mots que les bénévoles, présents ce matin-là dans le lycée, ont repris et détaillés : les deux flotteurs en plastique trop mince pour maintenir à flot un plancher assemblé de bric et de broc à l’aide de vis dont les pointes blessent les corps, le jerrican de carburant qui se renverse à la première vague, l’essence qui se répand dans l’embarcation, se mélange à l’eau salée, attaque la peau. Les émanations qui brûlent les poumons. La promiscuité, la peur dans la nuit, les angoisses de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants dont la plupart n’avait jamais vu la mer.

L’attention était telle dans la salle polyvalente, qu’on n’a pas entendu la sonnerie de la récréation. Les questions ont alors fusé, se sont bousculées trois quarts d’heure durant. Les bénévoles ont répondu à toutes, les enseignants aussi. L’échange fut intense, riche, vitalisant. Il aurait duré plus longtemps encore si tout ne devait pas avoir une fin.

La principale du collège était venue écouter. Elle prend maintenant la parole pour conclure : « vous avez eu de la chance ce matin d’avoir ces témoignages, de rencontrer ces gens qui donnent de leur temps à une cause humanitaire, des citoyens engagés…», dit-elle aux élèves, mais la voix se noue. Tout le monde se lève et applaudit.

Les 14 antennes de SOS MEDITERRANEE France réparties sur le territoire disposent désormais d’un pôle de sensibilisation scolaire capables de mettre à disposition des bénévoles pour venir à la rencontre des scolaires. A la fin de l’année dernière, 23 216 élèves avaient reçu leur visite. Ils ne sont pas près de l’oublier.

CREDITS PHOTO : SOS MEDITERRANEE

Carte : UNHCR – « Voyages du désespoir » 30/01/2019