Le mercredi 11 septembre, une femme enceinte de neuf mois et son mari ont été évacués en hélicoptère par les autorités maltaises après que l’équipe médicale à bord de l’Ocean Viking a signalé des complications médicales. « La maman se portait relativement bien jusqu’au dernier examen effectué mercredi matin par la sage-femme et l’équipe MSF, qui a révélé une complication grave susceptible de mettre la vie de la mère et de l’enfant en danger », a déclaré le médecin de MSF.
Les 82 autres survivants secourus par l’Ocean Viking lors de deux opérations de recherche et de sauvetage distinctes sont toujours à bord de l’Ocean Viking, navire de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec MSF.
Retour sur deux opérations complexes
Le dimanche 8 septembre, l’Ocean Viking a secouru 50 personnes – dont 12 mineurs et une femme enceinte – d’un bateau pneumatique en détresse dans les eaux internationales. Après 16 heures de recherches, menées avec l’appui de deux avions (EUNAVFOR MED et Moonbird), le bateau a finalement été retrouvé alors qu’il dérivait à 14 milles marins des côtes libyennes. Durant trois heures, les équipes de l’Ocean Viking ont procédé au sauvetage des survivants, amenés en sécurité à bord du navire.
Le soir suivant, alors que les conditions météorologiques s’étaient brusquement détériorées, 34 personnes précédemment secourues par le voilier Josefa ont été transférées sur l’Ocean Viking en pleine nuit. Le voilier de 14 m de long naviguait dans des conditions extrêmement difficiles, au milieu de fortes pluies et d’orages. Sur le pont, les rescapés – dont une femme enceinte et un enfant d’un an nécessitant une assistance médicale – n’avaient pas où s’abriter.
« La Libye n’est pas un lieu sûr »
Les centres de coordination de sauvetage en mer compétents ont été dûment informés, et ce à toutes les étapes des opérations (messages envoyés au Centre conjoint de coordination de sauvetage libyen- JRCC – à Tripoli, avec les centres de coordination italiens et maltais ainsi que Eunavformed en copie), mais aucune instruction n’a été transmise à nos équipes pendant toute la durée des opérations. L’Ocean Viking a également demandé qu’un lieu sûr lui soit assigné pour le débarquement des 84 survivants alors à bord. Le JRCC libyen a finalement répondu en lui assignant le port de Zaouïa (Libye).
Nos équipes ont dû décliner cette option puisque la Libye ne peut être considérée comme un lieu sûr de débarquement. C’est ce qui est stipulé dans les Principes directeurs sur les retours en Libye du Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations-Unies (HCR) ; affirmation d’ailleurs reprise par le Bureau des droits de l’Homme des Nations-Unies (HCDH) en mai 2019 et par le Secrétaire général des Nations-Unies après sa visite à Tripoli en avril 2019.
« Comme le prévoit le droit maritime international, les autorités libyennes n’étant pas en mesure d’assigner un lieu sûr, nous avons étendu notre demande d’assistance aux centres de coordination les plus aptes à intervenir, soit les centres de Malte et de Rome. C’est un devoir commun à tous les États signataires des conventions SAR (recherche et sauvetage) de collaborer afin de trouver rapidement un lieu de débarquement qui puisse être considéré comme sûr », a déclaré Nicola Stalla, coordinateur SAR à bord de l’Ocean Viking pour SOS MEDITERRANEE.
Après s’être dirigé vers le nord pour faciliter l’évacuation des deux personnes secourues, l’Ocean Viking attend maintenant qu’on lui assigne un lieu sûr pour le débarquement des 82 autres rescapés. Aucun autre navire de sauvetage n’étant actuellement en Méditerranée centrale pour sauver des vies, l’Ocean Viking ne doit pas être empêché d’effectuer sa mission plus longtemps alors que des hommes, des femmes et des enfants continuent à fuir la Libye par la mer sans qu’aucun moyen de sauvetage humanitaire ne soit présent.
SOS MEDITERRANEE rappelle l’urgence de mettre en place un mécanisme européen commun de débarquement prévisible et pérenne des personnes secourues en Méditerranée.
CREDITS PHOTO : Laurence Bondard / SOS MEDITERRANEE