COMMUNIQUE DE PRESSE diffusé le 31 juillet 2017
Lundi 31 juillet 2017, une troisième réunion s’est tenue au ministère de l’Intérieur à Rome, dans le but de faire avancer le projet de Code de conduite applicable aux organisations humanitaires menant des opérations de sauvetage en Méditerranée. Des représentants du gouvernement italien et de certaines des ONG en question étaient présents.
La Vice Présidente du réseau européen de SOS MEDITERRANEE, Sophie Beau, a adressé un courrier au ministre italien de l’Intérieur, Marco Minniti, expliquant les raisons qui empêchent aujourd’hui l’association civile européenne de sauvetage de signer ce Code de Conduite tel qu’il a été présenté aux ONG lundi.
SOS MEDITERRANEE partage les «préoccupations de l’Italie, qui se trouve seule en première ligne face aux drames en Méditerranée, sans soutien adéquat et suffisant de la part de ses partenaires européens», a déclaré Sophie Beau. SOS MEDITERRANEE est «prête à signer le Code de conduite si des modifications sont apportées à des points précis du texte actuel», ajoute la co-fondatrice de l’association créée en 2015.
Assurée par les précédentes rencontres à Rome qu’un accord entre les parties – le gouvernement italien et les ONG présentes en Méditerranée – était «tout à fait envisageable», l’association a suggéré trois amendements-clé nécessaires pour que SOS MEDITERRANEE signe le Code de conduite proposé par le gouvernement italien, tout en continuant sa mission vitale de sauvetage en mer en toute efficacité et sécurité, tant pour les équipes que pour les personnes rescapées.
Ainsi, SOS MEDITERRANEE propose :
-de préciser les règles concernant les « caractéristiques techniques » demandées aux navires de sauvetage pour que ces derniers soient opérationnels. Peu clair, le vocabulaire actuellement employé dans le texte du Code de Conduite pourrait conduire à des interprétations divergentes.
-de garantir que les bateaux humanitaires seront autorisés à réaliser des transferts de rescapés d’un navire à un autre (garde-côtes italiens, navires marchands ou autres bateaux d’ONG), sous la coordination du MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) de Rome. La version actuelle du Code de conduite prévoit de restreindre ces transferts ; or, en raison du manque de moyens de sauvetage mis à disposition par les Etats européens en Méditerranée centrale, ces transferts sont indispensables à l’efficacité des opérations de sauvetage. Ils permettent d’amener les rescapés dans des ports où ils seront en sécurité, et offrent la possibilité à d’autres navires de rester sur zone pour être mobilisables sur d’autres sauvetages. Ces transferts ont permis de sauver des milliers de vies au cours des derniers mois. SOS MEDITERRANEE est totalement en faveur de la position italienne visant à ce que le MRCC de Rome soit en charge de coordonner ces opérations, conformément au droit maritime international.
-de clarifier les conditions de la présence d’éventuels officiers de police à bord des navires de sauvetage. SOS MEDITERRANEE souhaite que cette présence ne puisse qu’être temporaire et que les officiers en question ne soient pas armés : cela contreviendrait en effet aux principes humanitaires de neutralité et d’indépendance qui régissent l’association. De plus, l’ONG exige qu’il soit spécifié que les officiers de police n’interfèreront pas dans ses missions humanitaires. Elle estime que les personnes rescapées à bord de l’Aquarius doivent pouvoir passer par un «temps de récupération» d’au moins 24 heures, indispensable pour qu’elles se reposent et bénéficient, éventuellement, des soins nécessaires voire urgents.
L’association est convaincue que le ministre italien de l’Intérieur et les ONG de sauvetage en mer sauront parvenir à une conclusion qui satisfera tous les protagonistes et permettra de mener à bien nos missions : sauver des vies humaines dans le respect absolu des lois maritimes et humanitaires internationales.