RESCAPÉS DE L’ENFER
Derniers jours pour profiter de l’exposition photo de Yann Lévy à Honfleur
En ce début octobre, quelques rayons de soleil distillent une lumière tamisée sur les clichés de Yann Lévy, photographe embarqué avec SOS MEDITERRANEE. Accompagnée de Christian-Jacques Bourgeon, président du festival Les Focales du pays d’Auge, Bérengère, pilier de la mobilisation citoyenne sur toute la côte Ouest pour l’association de sauvetage en mer, profite des derniers moments pour revoir l’exposition, qui s’achève ce 15 octobre.
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– Photos pour cet article : C-J Bourgeon, B Matta et Yann Lévy / SOS MEDITERRANEE
L’expo
Erythrée, Soudan, Nigéria… En mars 2018, les naufragés secourus dans les eaux internationales au large de la Libye sont, pour la plupart, originaires d’Afrique subsaharienne. Ils ont fui un conflit armé, une dictature, le terrorisme, une grande instabilité politique ou économique, une situation de maltraitance ou un mariage forcé.
Avant d’arriver en Libye, ils ont parcouru des milliers de kilomètres à travers le continent africain, traversé le désert du Sahara sous une chaleur accablante, dans des camionnettes surchargées….
Une fois arrivés en Libye, beaucoup sont kidnappés et enfermés pendant des mois dans des centres tenus par des milices et bandes armées reconverties dans le juteux trafic d’êtres humains. Ils y sont réduits au travail forcé, torturés pour obtenir une rançon de leur famille, affamés et, parfois, vendus comme esclaves. La grande majorité des femmes et des filles sont victimes d’agressions sexuelles et de viols. On le sait moins, mais beaucoup d’hommes et de garçons le sont aussi….
Tous n’ont pas, au départ, l’intention de se rendre en Europe mais, pour quitter cet enfer, ils n’ont souvent qu’une issue : la Méditerranée. Ils savent que la traversée sera périlleuse mais préfèrent prendre le risque de mourir en mer que de rester en Libye. Alors ils embarquent sur ces canots pneumatiques surnommés « les bateaux de Dieu ».
« Le sauvetage est terminé. Les rescapés sont rassemblés sur le pont arrière de l’Aquarius. Assis parmi cette foule compacte et anonyme, je cherche à me faire oublier et bien plus encore à m’oublier. Je m’interroge. Je veux comprendre et traduire ce qu’il se passe, ce que ces hommes et ces femmes peuvent ressentir. Personne ne fait attention à moi, personne sauf cet homme qui me fixe et me renvoie ma propre interrogation. Avec cette photo ce n’est plus moi qui raconte une histoire, c’est cet homme, qui, en me fixant droit dans les yeux, fait de son image notre miroir. »
Yann Lévy, mars 2018