Une carte interactive : outil de transparence de nos opérations
13 février 2024
Si vous voulez savoir où s’est produit un sauvetage de l’Aquarius ou de l’Ocean Viking et à quelle date, combien de femmes et d’enfants étaient à bord, ou encore avoir une vue d’ensemble de l’évolution des lieux de sauvetage depuis 2016, voici la carte interactive développée par CartONG* pour SOS MEDITERRANEE.

Accéder à la carte interactive

Marine, responsable du plaidoyer chez SOS MEDITERRANEE, est particulièrement « heureuse de l’aboutissement de ce projet imaginé en 2020 de manière conjointe entre les équipes de SOS MEDITERRANEE et CartONG », qui vise à centraliser toutes les données opérationnelles de nos navires depuis 2016 sur un même support interactif et visuel. Elle y voit un « instrument de transparence important », puisqu’il est relié au journal de bord en ligne du navire, où sont scrupuleusement consignés tous les faits sous forme de tableau et de texte, mais cette fois avec « des vertus pédagogiques qui rendent la donnée plus accessible au grand public en la montrant sur une carte. »

Ainsi, « pour chaque sauvetage, en plus de la position de l’embarcation secourue, vous pouvez obtenir des informations comme le type d’embarcation, la hauteur des vagues ou le lieu de débarquement », détaille Maelle, qui a conçu cette carte pour l’association CartONG*, aux côtés de cinq autres bénévoles spécialisés en programmation et en design graphique.  « SOS MEDITERRANEE disposait déjà de nombreux outils de communication, mais elle avait besoin de contrer les fake news dont elle était la cible » explique-t-elle.  Désormais, dès qu’un détracteur accuse l’Ocean Viking de pénétrer dans les eaux territoriales libyennes, « on peut opposer directement des données factuelles pour montrer que toutes nos opérations sont bien effectuées dans les eaux internationales » explique Marine.  

La frise temporelle au bas de la carte interactive des opérations de SOS MEDITERRANEE, avec laquelle on peut sélectionner tous les sauvetages de 2016 à 2023, ou une seule année, voire un seul mois, permet également de suivre les évolutions dans le temps et dans l’espace du contexte en mer.

 « Si on sélectionne de 2016 à 2019 par exemple, on voit qu’à de nombreuses occasions, les personnes secourues par l’Aquarius (ancien navire de SOS MEDITERRANEE) au large des côtes libyennes sont transférées vers des navires de la marine italienne (le point gris sur la carte indique les transferts). Mais à partir de juin 2018, soit à la mise en place d’une Région de recherche et de sauvetage libyenne**, cette coopération avec les autorités maltaises et italiennes disparaît peu à peu, le dernier transfert ayant eu lieu en septembre 2019 ».

Autre exemple, le désengagement des moyens de recherche et de sauvetage maltais, qui poussera peu à peu SOS MEDITERRANEE à effectuer de plus en plus de sauvetages dans la région sous responsabilité maltaise, ce qui n’était pratiquement pas le cas auparavant.

« On constate aussi qu’à partir de 2020 », continue Marine, « notre zone de patrouille va progressivement s’étendre vers le nord et vers l’est, ce qui s’explique notamment par un plus grand nombre de départs depuis l’est de la Libye, et plus récemment, depuis la Tunisie où les personnes migrantes sont de plus en plus sujettes à des violences répétées. »

Marine salue cette collaboration fructueuse et interdisciplinaire entre deux ONG désireuses de sensibiliser un public plus large à la réalité des sauvetages en Méditerranée centrale, pour laquelle elle remercie CartONG et ses bénévoles.

* CartONG est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) spécialisée en gestion de l’information dont la vocation est de mettre la donnée – en particulier la donnée géographique – au service des projets humanitaires, de développement et d’action sociale.

** La Région de recherche et de sauvetage (SRR) correspond à un espace délimité dans les eaux internationales des mers et océans sur le globe où un pays a la responsabilité de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage.  Avant 2018 et la création d’une SRR libyenne, l’Italie coordonnait les opérations dans ce périmètre.