Alexia Barrier, navigatrice – « Il est inadmissible de laisser des gens mourir dans la mer. »
19 août 2021

La course au large est sa passion, la mer, son univers. Et rien ne la révolte davantage que de voir la Méditerranée transformée en cimetière. Alexia Barrier, comme beaucoup d’autres marins de renom, s’est engagée auprès de SOS MEDITERRANEE et porte son combat à  chaque fois qu’elle en a l’occasion, comme le 7 juillet dernier au Festival de Marseille. 

 

« Quelle maman mettrait son enfant sur un radeau pneumatique, dans des conditions horribles, pour traverser la Méditerranée si ce n’était parce qu’elle est en danger de mort et que ses enfants sont en danger de mort ? » 

Rentrée du Vendée globe en février dernier, la navigatrice s’est rendue à Marseille à bord de son bateau, qu’elle a fait visiter à quelques membres de l’association, avant de témoigner de l’essence de son engagement pour le sauvetage en mer dans cette vidéo, tournée gracieusement par l’association Urban Prod. « Ce qui est très important pour moi, c’est la solidarité des gens de mer » assure-t-elle. 

Mais Alexia est avant tout venue dans la cité phocéenne pour participer à la rencontre « Femmes en Méditerranée, regards croisés » organisée par SOS MEDITERRANEE en partenariat avec le Festival de Marseille et Africa Fête. En compagnie de trois autres femmes engagées – Sophie Beau, co-fondatrice et directrice de SOS MEDITERRANEE France, Emmanuelle Chaze, journaliste récemment montée à bord de l’Ocean Viking pour un reportage, et Hara Kaminara, photographe embarquée sur l’Aquarius à plusieurs reprises – Alexia témoigne de son incompréhension devant l’absence de réaction des États face à la tragédie qui se poursuit en Méditerranée centrale. « En attendant, il y a un héros, il y a une héroïne en chacun et chacune d’entre vous, et je compte vraiment sur vous pour aider SOS MEDITERRANEE. » 

Retransmise en direct par Radio Grenouille à Marseille et désormais disponible intégralement sous forme de podcast, la table-ronde précédait le concert solidaire de Fatoumata Diawara, la diva malienne, au profit de SOS MEDITERRANEE. 

De gauche à droite : Hara Kaminara, photographe; Emmanuelle Chaze, journaliste; Sophie Beau, directrice de SOS MEDITERRANEE et Alexia Barrier, navigatrice.


Écoutez le podcast de la rencontre (52 minutes) 
Voir aussi le témoignage du skipper François Gabart 

Retrouvez l’intégralité de la transcription de la vidéo de soutien ci-dessous 

« Je suis Alexia Barrier, navigatrice depuis l’âge de trois ans. Je rentre d’un Vendée Globe que j’ai terminé au mois de février. Je suis à Marseille pour une journée dédiée à SOS MEDITERRANEE. 

 

Je soutiens SOS MEDITERRANEE depuis quatre ans il me semble. A chaque transatlantique en course en solitaire ou en double avec d’autres skippeurs de la course au large, on se donne rendez-vous pour parler de SOS MEDITERRANEE, une association qui nous tient vraiment à cœur. pour toutes les valeurs et les engagements qu’elle porte. 

 

Personnellement, ce qui est pour moi très important, c’est la solidarité des gens de mer. Il est inadmissible de laisser des gens mourir dans la mer et c’est pour ça que je décide depuis quelques années maintenant de soutenir SOS MEDITERRANEE parce que c’est un travail primordial qui est engagé par cette association.  

 

Pour moi le plus insupportable dans la situation actuelle – évidemment je me bats pour la préservation de l’océan, des problématiques  environnementales de pollution – mais pire que ça, c’est de voir des gens qui perdent leur vie en mer.  
 

Quelle mère, quelle maman mettrait son enfant sur un radeau pneumatique, dans des conditions horribles pour traverser la Méditerranée si ce n’était parce qu’elle est en danger de mort et que ses enfants sont en danger de mort. 
 

Je pense qu’aujourd’hui il faut vraiment s’engager avec SOS MEDITERRANEE, que les gouvernements prennent leurs responsabilités, pour ne pas laisser des gens dans la détresse, comme ce qui se passe aujourd’hui.  
 

Les acteurs du monde maritime, les marins, ont un rôle à jouer… on a vraiment une culture.  Et si on pouvait reproduire la solidarité des gens de mer sur la terre, je pense qu’on vivrait beaucoup mieux.   
 

Moi j’aimerais que les terriens soient un petit peu plus marins, qu’ils soient un peu plus humains.  Je pense que ça irait beaucoup mieux si on pouvait fonctionner avec des valeurs de solidarité aujourd’hui. » 

 


Vidéo : Urban Pro

Images : Urban Prod, Sandy McKee / MSF 

Crédits photos : Sabine / SOS MEDITERRANEE