Un portrait

Une histoire

Jane*

Cameroun

Pays d'origine

23 ANS

Âge

05/12/2021

Date de sauvetage

Avertissement 

Les éléments établis dans ces témoignages sont exclusivement tirés des propos tenus par les personnes rescapées secourues par nos équipes depuis 2016 et de nos observations en mer.

Certains récits de vie relatés ici comprennent des scènes d’une rare violence - torture, viol, extorsion, mise à mort et naufrage – qui sont très explicites. Nous préférons vous en avertir.

Les prénoms des personnes qui témoignent ont été modifiés pour préserver leur anonymat et leur sécurité.

De nombreuses organisations intergouvernementales comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ou l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont amplement documenté et corroboré ces récits, notamment en ce qui concerne les violences – y compris sexuelles – subies lors du parcours migratoire, en Libye et en mer.

Jane* a 23 ans, elle est originaire du Cameroun. Elle a été secourue par SOS MEDITERRANEE dans la nuit du 5 juillet 2021. « Je veux que les gens sachent ce qui m’est arrivé, pour que cela puisse au moins servir à quelque chose, et contribuer à réduire la souffrance de mes frères et sœurs », dit-elle.  

La mère de Jane est décédée quand elle était jeune. Sa famille était pauvre, et l’a vendue pour qu’elle épouse le chef d’un village voisin – il avait 60 ans, elle n’en avait que 14. Elle a été contrainte à avoir des rapports sexuels avec cet homme et a donné naissance à une fille dans ce mariage forcé. Sept longues années plus tard, lorsqu’il est mort, Jane a été obligée de dormir à côté du cadavre pendant des jours avant d’être expulsée du village par la famille de l’homme. Sa fille a dû rester sur place ; sa belle-famille l’a gardée. Jane ne l’a pas revue depuis.  

À ce moment-là, Jane a fui le Cameroun. Sans aucune famille pour la soutenir, et sans pouvoir revoir sa fille. Elle s’est enfuie, mais a dû faire face à de nouveaux abus, d’abord en Algérie, puis en Libye. En Algérie, elle a été abusée sexuellement par un homme avant d’être vendue une nouvelle fois, cette fois à une milice en Libye. Elle a été maintenue dans un centre de détention pendant des mois. « L’un des hommes venait souvent avec deux, trois ou quatre autres hommes. Vous savez, quand vous êtes pénétrée par autant d’hommes en même temps, cela fait mal non seulement pendant mais aussi après. J’ai encore mal au ventre », raconte-t-elle.  

Jane a finalement réussi à s’échapper. Elle a embarqué sur un grand bateau en bois avec 368 autres personnes, dont la plupart fuyaient également la violence, la torture, les traitements inhumains et n’avaient plus rien à perdre.  


* Le nom a été changé pour protéger l’identité de la rescapée

Crédits photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

Derniers témoignages

Ibrahima*

« Nous étions 85 personnes à partir de Libye, quatre femmes et un bébé. Après deux jours, notre moteur est tombé en panne. Ce n'était pas facile. J'ai vu tant de mes ami.e.s mourir. Certaines personnes devenaient folles. »

Voir son histoire